Avertissement : ceci est un article long et technique qui raconte comment j’ai fait la capote de Schnaps. Je n’en voudrai pas à ceux qui se baladent sur le blog dans le but de voir de jolies photos et voyager avec nous s’ils passent outre la lecture de cette prose « modes et travaux » !
La capote… tout un programme !
J’ai promis de raconter comment j’ai fait la capote de Schnaps (et ma maman attend ça depuis des mois), ça va prendre du temps (sous-entendu : de nombreux articles fleuves) mais comme sur le net on n’a trouvé que deux sites qui racontent une capote faite maison, je me dis que ça peut servir à d’autres fous qui voudraient se lancer dans l’aventure.
Commençons par citer les deux sites, qui m’ont bien servi, même s’ils n’étaient que deux :
– Le site EDEL Voilier, qui présente avec beaucoup beaucoup de détails, et très bien, une fabrication d’un taud de roof. Bon, c’est pas tout à fait ça qu’on veut faire, mais c’est plein de bonnes idées à reprendre !!
– Le blog Un pied en mer, chapeau pour une capote faite sans patron, tout de même !
Cet article, que j’ai nommé « Préliminaires », est un peu une note préalable à tous ceux qui voudraient se lancer dans la couture d’une capote sans être professionnel. Avant toute chose, il est nécessaire de rassembler :
– un peu de masochisme (ça fait mal de se planter des épingles dans les doigts, dans les cuisses, d’appuyer sur les épingles pour les faire rentrer dans un tissu récalcitrant…)
– beaucoup de temps – j’ai dû mettre environ deux semaines à plein temps à coudre la capote
– beaucoup de patience – surtout quand la machine à coudre rappelle qu’elle n’est pas conçue pour travailler avec le tissu qu’on lui met sous l’aiguille
– des connaissances (et de l’expérience, c’est encore mieux) en couture : la couture des vêtements, des housses de matelas, ça n’a pas grand chose à voir avec la couture de capote mais on y retrouve des points communs et c’est mieux de ne pas découvrir tout ça d’un coup. Au passage, merci à ma mamie et à ma maman qui m’ont appris la couture quand j’étais petite (et même grande).
– de la place. Soit vous avez une maison pas loin du bateau et vous avez le droit d’en mobiliser une pièce juste pour la couture pendant une (deux) semaine(s), et vous êtes un(e) gros(se) veinard(e), soit il faut un ponton assez grand et peu fréquenté au pied du bateau.
Les avantages du ponton :
– la proximité du bateau pour essayer la capote après chaque couture
– le sol en lattes qui donne des repères pour tracer des traits rectilignes et profiter également de la perpendiculaire
les inconvénients :
– il faut qu’il fasse beau !
– il faut ranger le bazar tous les soirs et le ressortir tous les matins
– être capable de libérer le passage quand un usager du ponton a besoin de passer (j’en profite pour remercier tous ceux que j’ai embêtés et qui ont été vachement gentils) ; un ponton peu fréquenté est d’ailleurs préférable.
– faire attention aux trous entre les lattes dans lesquels une cannette a vite fait de s’engouffrer
– se méfier du vent qui fait s’envoler – et couler – des morceaux de tissu cristal qu’on a patiemment dessinés et découpés (par exemple)…
Au niveau matériel proprement dit, il faudra :
– une bonne machine à coudre, robuste, c’est encore mieux si elle fait de la couture en « zig zag à 3 points ». C’est une des coutures les plus solides à la machine, à ne pas utiliser partout, seulement pour les endroits qui prendront pas mal de tension.
Si vous vous amusez à acheter une machine à coudre juste pour la capote, seront également appréciés un très long et très haut bras (pour passer le maximum de tissu sous le bras). Genre, une machine à coudre pro. Sinon, on s’habituera à déplacer la machine le long du tissu, et pas le tissu comme dans les coutures habituelles (c’est perturbant au début, mais on s’y fait… 20 cm de couture, et hop, on se décale pour les 20 suivants).
Evidemment il faut savoir se servir de la machine : être capable de régler la tension du fil du haut, du bas, comprendre pourquoi sur telle couture elle fait des boucles (scrogneugneu elle en faisait pas sur mon tissu test), on gagne beaucoup de temps en évitant de faire et défaire 3 fois la même couture pour de bêtes soucis de tension ou de fil qui s’est échappé de son droit chemin.
– de grosses aiguilles, j’ai utilisé jusqu’au 120 je crois. Elles font de plus gros trous dans le tissu mais au moins le fil arrive à passer et évite de rester bloqué dedans (accessoirement, de casser et de faire de gros noeuds aussi). Edit de mars 2014 : plus d’infos techniques sur les aiguilles dans un nouvel article
– de la graisse silicone en spray pour aider l’aiguille à rentrer dans 6 à 9 épaisseurs de tissu (seulement au niveau des ourlets, ne vous inquiétez pas !!)
– du fil : les voileries utilisent du Dabond, ou mieux du fil qui vient du Japon dont je ne connais pas le nom, mais ma voilerie préférée m’a conseillé d’acheter du fil polyester super résistant, ça se trouve dans toutes les merceries, ça résiste très bien, et au moins on n’est pas obligé d’acheter 40 km de fil d’un coup (parce que les bobines pour voilerie, c’est en grosses quantités !). Mieux vaut quand même demander les plus grandes bobines possibles dans votre mercerie, et tant pis si elles n’existent qu’en noir et pas en dark navy comme le tissu, ça coûte 3 fois moins cher que les petites bobines de la bonne couleur.
– du tissu : pas beaucoup de choix, c’est du Sunbrella plus. Le sunbrella c’est un tissu qui résiste aux UV, au sel, il est utilisé pour les biminis, les tauds, les lazy bags… Le Sunbrella « plus » est enduit à l’intérieur d’une couche (à peu près) étanche, d’où l’intérêt de prendre celui là pour la capote. Pour se fournir, on peut demander aux accastilleurs (ils en ont en catalogue) ou directement aux voileries, moi j’ai trouvé ça un peu moins cher en voilerie.
– du tissu cristal pour les fenêtres (c’est le plastique transparent) : pareil, se fournir en voilerie ou en magasin d’accastillage.
– des fermetures éclair gros format (pour l’ouverture dans la porte, et pour tenir les arceaux)
– nous on a mis plein de sangles dans la capote, de la sangle de 40mm de large, les voileries mettent de la sangle de 25 mais nous on n’est pas aussi forts que les voileries et on a fait une capote super grande donc on a mis de la sangle de 40mm.
– des crochets, des pontets et des attache-sangles, des œillets, plein de petits bidules disponibles chez votre accastilleur préféré. Si vous n’avez pas d’accastilleur préféré et si vous voulez du gros accastillage, on vous conseille de faire un tour chez FIPS (y compris pour des manilles et autres trucs qui n’ont rien à voir avec la capote).
– une structure en inox. J’y reviendrai, la nôtre c’est Tomtom qui l’a dessinée, et un super soudeur du côté d’Hennebont qui a fait du boulot de super méga pro.
Voilà, je crois qu’on a tout ce qu’il faut pour commencer.
J’en vois qui hésitent encore : faire faire sa capote sur mesure dans une voilerie, c’est vraiment pas donné, mais est-ce qu’on fait vraiment des économies en la faisant soi-même ?
Et bien oui. Mais on comprend également pourquoi c’est si cher dans une voilerie, on comprend la complexité du travail, le temps à y passer… Et on tire le chapeau aux voileries, parce que quand même, ils font du très beau boulot (moi mes coutures ne sont pas toutes belles, et c’est peu dire).
Merci pour mamie, on lui dira !
A quand la photo ? On nous fait patienter !!!!
Bisous
Ah ah… c’est que tu ne lis pas les réponses à tes commentaires, j’en ai déjà mis une à ta demande ! Sinon, faut attendre l’article n°4… patience patience…
Très bel exercice de ténacité, preuve de savoir-faire, félicitations âux professeurs et à l’élève et… merci pour les traits d’humour… Sois tranquille, la lecture n’est en rien rébarbative… On attend même la suite avec impatience !
WAW!
Merci pour cette précieuse mine de renseignements, quel travail! On a aussi essayé de faire un site avant que notre hôte de site nous déloge également et on a penché par la lettre mensuelle;-)
Mais revenons à nos moutons! Nous travaillons à la conception d’une avancée de capote pour une protection pour le froid.
On est en plein dans les mesures, les plans autocad et les montages en bambous!
Cet article répond très bien à la question du jour qui était: faut-il découper le tissu ou ajouter des bandes de tissu à l’acrylique un grand merci!
Nous attendons la bonne saison pour faire un tour dans les canaux de Patagonie et en profitons pour faire quelques (beaucoup) de travaux.
L’équipage de Nabucco en bricolage.
Anne-laure et Damien
Bonjour,
J ai un Cab de collection et j ai déchiré le rebord ext gauche de la capote, j aimerai avoir une adresse pour la faire réparer et connaitre le style de fil et aiguille à utiliser ?
Merci pour vos réponses.
Cordialement
Bonjour,
Pour le fil et l’aiguille à utiliser, ça doit être écrit quelque-part dans un de nos 4 articles, du fil 100% polyester devrait être suffisamment solide et résistant aux UV, et une bonne aiguille à jean (90 à 130 en fonction de l’épaisseur de tissu) devrait être adaptée. Par contre il faudra peut-être un traitement d’étanchéification des coutures (sur un bateau la capote ne protège pas l’intérieur donc ça n’a pas besoin d’être 100% étanche).
Pour ce qui est des adresses, on aura du mal à vous renseigner à moins que vous ne souhaitiez faire réparer votre capote à Auckland. En France, on ne connaît que la voilerie All Purpose à Lorient, mais pas sûr qu’ils fassent les capotes de voiture. Les pages jaunes vous aideront plus que nous.