Jusque-là, on n’avait pas eu de mauvaise surprise sur Schnaps. Pas de boulon de quille qui part en miette, pas de varangue pourrie, pas de pied de mât qui se désagrège, pas de délaminage sur le pont ou sur la coque … Bref, pas de travaux lourds à envisager, que du bricolage …
Hier, je décidai de fixer le portique (qu’on vous présentera bientôt, enfin que je vous présenterai bientôt, je sais j’ai des tas d’articles en retard surtout après la salve de Clairette, mais j’ai du mal à me consacrer au blog quand il y a des travaux en route et il y en a un paquet !) sur la jupe … En préparant la surface sur laquelle j’allais visser la platine du portique, j’ai trouvé que c’était bizarrement mou, quand même, pour de la fibre de verre … et qu’on arrivait vachement facilement à enfoncer un tournevis dedans … et que le tournevis ressortait vachement mouillé …
En allant plus loin, j’ai arraché un morceau de fibre de verre, puis un autre, puis encore un autre … A chaque fois, en dessous, même topo : du contreplaqué mouillé (enfin mouillé, gorgé de flotte plutôt). Sur la jupe, le pont (le plancher, en fait) est constitué d’un sandwich de fibre de verre et de contreplaqué : de la fibre de verre en dessous, du bois au milieu (beaucoup !) et de la fibre de verre au dessus. Ici, c’est la fibre de verre du dessus qui part sans qu’on ait besoin de trop insister, découvrant du bois toujours humide. Au début, je pensais que ça provenait simplement des quelques trous qui avaient été faits auparavant, dont ceux pour fixer l’échelle de bain, et donc que c’était assez localisé sur l’arrière de la jupe. Jusqu’à ce que je tombe sur la petite surprise, qui me détrompât :
Oui, vous avez bien vu, au milieu, à côté du tournevis, il y a un trou. Vous n’avez pas bien vu ? Petit zoom :
Et qu’est-que c’est sous le tournevis ? Voui voui les grosses bandes noires un peu souples ? Hein, du quoi ? Du scotch ? Non, quand même pas … faut pas exagérer, la photo est truquée …
Eh bien si Mesdames et Messieurs. Le bricolage d’après un lointain ancien propriétaire de Schnaps, ça devait ressembler à quelque-chose comme : « Bon alors je vais mettre des lattes en teck sur ma jupe, bon c’est bête il y a un trou au milieu, avec le bois apparent en plus, comment je vais faire pour boucher ça ? Oh, du scotch, c’est pas bête ça, en plus ça tombe bien c’est du ruban toilé, c’est du solide ! Allez hop, quelques bandes par dessus le vilain trou pas beau (pas la peine de protéger le bois, vu l’épaisseur qu’il y a, et en plus il y aura pas d’eau, à cet endroit, ce sera couvert), du sika pour tenir les lattes de teck et c’est fini ! Ni vu ni connu ! En voilà une jupe qu’elle est belle avec son teck tout neuf ! »
Sauf que notre bricoleur avait oublié plusieurs trucs :
- d’abord, c’est pas très malin de condamner totalement un caisson même si il y a que de l’air dedans. D’abord il y a toujours de la vapeur d’eau dans l’air, et donc ça condense et c’est humide. En plus on n’y a plus du tout accès pour inspection ou autre …
- ensuite, le teck c’est moyennement (euphémisme) étanche. L’eau s’infiltre toujours, même en petite quantité. Pour info (apparemment c’est pas clair pour tout le monde !), le scotch non plus, c’est pas très étanche, surtout après quelques années.
- enfin, quand on doit faire des trous dans le revêtement en fibre de verre, on essaie de se débrouiller pour que les trous soient étanches, par exemple en enduisant les vis de résine, et en n’oubliant pas le sika. Sinon, l’eau s’infiltre dans le trou et vient polluer le bois qui est autour, au fur et à mesure …
Résultats : au bout de X années, le caisson est plein d’eau à ras-bord, environ 30 L sortis à la pompe à main, et le bois est complètement imbibé d’eau, en cours de début de pourrissement par endroits. Bref, de la réparation lourde en perspective, ça nous manquait, tiens, on commençait à s’ennuyer et à ne plus avoir assez de choses à faire. Et vu la météo de début d’hiver, ça va être drôle.
Du coup, je me suis énervé, et armé de ciseau à bois, de tournevis, de marteau, de ponceuse orbitale et de patience, j’ai tout dégommé pour retrouver le bois brut. Voilà ce que ça donne :
Et c’était pareillement mouillé partout …
Après un bref instant de désespoir où Galipette, Félicien et Hobbes ont réconforté leur papa (Clairette et Girouette sont parties faire du bateau en Bretagne Nord sans moi !) et lui ont dit de ne pas se laisser abattre, il a fallu réfléchir aux travaux.
D’abord, protection de tout ça avec une grande bâche, histoire que la pluie annoncée ne rajoute pas de flotte. Puis préparation du séchage en perçant un trou par l’intérieur du bateau, dans le tableau arrière mais en dessous du niveau du plancher, le plus bas possible, pour d’une part inspecter ce qui est inspectable, mais aussi (là c’est malinou) pouvoir y placer un sèche-cheveux permettant de pulser de l’air chaud à l’intérieur du compartiment, et donc chauffer tout ça par en dessous, histoire d’accélérer le séchage du bois !
Et voilà, j’en suis là, et Marcel le sèche-cheveux est parti pour fonctionner pendant quelques jours en continu … surtout vu le temps qu’il fait …
Pour la suite, on verra … Si le bois arrive à sécher correctement, ce qui devrait pouvoir se faire, on bouchera le trou (avec du scotch bien sûr ) et on restratifiera proprement à l’époxy qui a l’avantage d’être à la fois plus résistant, plus étanche et de coller mieux au bois que le polyester. Sinon, ben faudra réfléchir à une solution de rechange, mais j’aimerais pas, pasque ça veut dire pas mal de boulot en plus, il faut tout dézinguer et tout refaire … Dans tous les cas, on ne laissera pas ce compartiment hermétiquement fermé et on fera très attention à tout ce qu’on sera amené à percer ou visser dans la jupe …
Sinon, pour ceux qui comme moi se posent la question de savoir à quoi ce foutu trou pouvait bien servir, je pense qu’un jour est passé par là la pale d’un régulateur d’allure. Ca colle avec la forme évasée du trou et c’est placé au bon endroit. Je ne vois pas à quoi ça aurait pu servir d’autre (à part mettre du scotch dessus ) … Un jour, il faudra penser à organiser un congrès avec tous les anciens propriétaires de ce bateau, je pense qu’on en apprendrait, des choses !!
En tous cas, le dernier recoin pas encore exploré sur Schnaps – ça me turlupinait quelque peu, d’ailleurs, de ne pas avoir encore vu ce qu’il y avait là-dedans – l’a été, maintenant c’est sûr, on a tout ouvert, tout démonté, tout vu sur ce bateau (à quelques endroits près comme l’intérieur du mât) ! Et la bonne nouvelle dans l’histoire c’est qu’on va pouvoir passer des câbles – celui de l’hydrogénérateur et probablement celui de l’éolienne – dans la jupe (au début je pensais que c’était rempli de mousse, mais en fait pas partout, y avait de la flotte aussi !!), ça sera beaucoup plus joli que de les faire passer dehors !
EDIT 11/05/2010 13:33 : et voici la photo de l’arrière du bateau transformé en tipi, ça intrigue beaucoup les passants ! Notez que l’on entre-aperçoit la forme générale du portique ainsi que ses 2 jambes ! Je ne vous raconte pas l’installation sous la pluie et de nuit avec du scotch qui ne colle plus dès qu’il est légèrement humide …
C’est balot… Au moins vous allez pas vous ennuyer ! :)
Bé oui, on s’inquiétait, on se disait que les travaux allaient beaucoup trop vite, mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire jusqu’au départ, on pensait même à démonter des trucs pour pouvoir les remonter après. ;)
Bon et sinon j’ai rajouté une photo du tipi !
Suite du feuilleton :
Histoire de vérifier dans quel état était le contreplaqué ailleurs qu’autour du gros trou, je me suis amusé à gratter un peu où c’était sombre (signe de pourrissement) et à percer quelques petits trous un peu partout, ce qui m’a fait tomber sur quelques vis (en ferraille bien sûr – l’inox, c’est quoi ça ? ça se mange ?) … et surtout, sur 2 autres compartiments complètement indépendants du premier !!!
Rebelote donc ! Perçage de trous suffisamment gros pour faire passer la pompe-seringue (qui sert à l’origine à vider l’huile du circuit hydraulique de la Xantia !), vidange de l’eau des nouveaux compartiments (30 nouveaux litres, à ajouter aux 30 d’hier, ça nous fait un passager clandestin, quand même !), perçage depuis le coffre arrière (démontage de Charlotte le pilote – automatique – au passage, on va en profiter pour la changer de côté pour raccourcir les fils électrique et tâcher de placer une grosse bouteille de gaz de 13 kg à tribord), et sèche-cheveux ! Du coup, la jupe ressemble maintenant à un gruyère, j’ai percé un trou tous les 10 cm pour optimiser le séchage … Sur le houaibe, ils disent que c’est peine perdue d’essayer de sécher du CP, mais bon, on n’aura pas le temps de tout casser pour tout refaire, donc on va faire ce qu’on peut et dans quelques années si ça pourrit, on cassera tout. Mais là, on a comme qui dirait d’autres trucs à faire !!!
Ha les boules,
je compatis, mais si tu veux « étancher » il y a lasolution de percer de gros trous et de bouriner a la mousse expansive polyester au moins ça rigidifira ta jupe, enfin après plus de retouren arrière possible. Le mieux est de l acheter en bi composant et de faire ton mélange (tu dois avoir 1 minute je crois avant de verser)
sinon bon courage pour le renfort a l epoxy, fais gaffe de bien dégraisse le polyester, ça doit le faire.
Voui, c’est une solution, mais vu que c’est encore vraiment rigide (le CP fait 3 cm d’épaisseur …), je vais tenter le coup du séchage. En plus les trous que j’ai percés traversent la peau inférieure, donc si je fais l’étanchéité par dessus avec une bonne grosse stratification à l’époxy et que je ne ferme pas par en dessous, le séchage devrait pouvoir continuer … Si ça foire, on dégommera tout au prochain chantier au sec, dans 2-3 ans … Merci pour le compatissage, les conseils et la petite rime pour clore le commentaire en beauté :).
La jupe pleine de ptits trous, qui a réussi à pas mal sécher déjà :
Les plus gros trous ont servi à vider les compartiments (traits pointillés noirs)
Et la nouvelle bâche, plus solide, qui devrait pouvoir tenir tout le long du séchage, en espérant qu’il ne grêlera pas …
Voilà, on a une belle serre chauffée sur Schnaps !
Le tuyau d’arrivée d’eau a été, hum, comment dire, involontairement enlevé toute à l’heure, il a explosé sans crier gare au niveau de l’embout … j’avais oublié de l’enlever avant de commencer le séchage, maintenant c’est fait (et ça a tout trempé au passage :). Ca m’apprendra …