Après les derniers préparatifs, nous avons enfin quitté la marina de Santa Cruz de la Palma. Le plus tard possible pour ne pas se faire facturer une nuit de plus (19, ça fait déjà bien trop !), et aussi pour ne pas arriver trop tôt à la Gomera. En effet, c’est une bonne pétole qui est prévue, les Alizés ne sont pas censés se réveiller avant la fin de la semaine, et les fichiers météo nous annoncent entre 4 et 6 nœuds de vent. Comme on n’a pas envie de faire 10h de moteur, on s’est dit qu’on allait prendre notre temps et arriver le lendemain matin, en passant une nuit pépère en mer, en essayant de profiter au moins des petites accélérations de vent autour des îles.
En fait de pétole, on a eu 12-13 nœuds en partant de La Palma, puis 8 nœuds entre les îles, puis à nouveau 12-13 nœuds aux abords de La Gomera. Ce qui nous a rapidement fait revoir nos plans. La lune étant quasiment pleine et le ciel s’annonçant dégagé pour la nuit, on a décidé de continuer et d’arriver de nuit au mouillage de Vueltas, sur la côte Sud-Ouest de la Gomera. Entre temps, nous avons attrapé notre première dorade, Barbara ! Bon elle était petite (à peine 50 cm), mais ça nous a fait notre repas du soir. C’est Trude, la sœur jumelle de Ger (celle qui avait attrapé Alfonso), qui l’a séduite. On note quand même que chaque fois qu’on attrape du poisson, c’est avec 10m de fil d’acier, quand on essaie de faire un montage plus compliqué (10m de nylon + un petit bas de ligne en acier), on ne choppe rien du tout. Pourtant on fait bien tout comme c’est indiqué dans notre bouquin, The Cruiser’s Handbook of Fishing …
Arrivée donc vers 22h au mouillage au pied des falaises. On a eu un peu de chance. Les instructions nautiques et les cartes indiquent une côte franche sans caillasse dangereuse à fleur d’eau, hormis deux que l’on a bien vues en arrivant, et un fond de sable … Le lendemain, on s’est réveillés avec un gros caillou à une cinquantaine de mètres en direction de la côte, et un autre gros caillou aussi à 50m vers l’Ouest. On a planté l’ancre pile poil là où il fallait pour les éviter tous les deux. La prochaine fois qu’on arrive de nuit, on tâchera d’être moins téméraires et on mouillera un peu plus loin, même si c’est profond et s’il faut balancer toute la chaîne. De plus, comme on a pu le constater en allant se baigner, il n’y a pas que du sable au fond, on trouve un bon paquet de cailloux susceptibles soit de coincer une ancre, soit de ne pas la coincer du tout. On écarte en général systématiquement le deuxième risque en faisant une bonne marche arrière pour tester la tenue (si ça n’accroche pas – c’est rare – on recommence), mais le premier subsiste. C’est que c’est pas donné, une ancre et de la chaîne (quand on sait que ce risque existe, en général, on met un orin pour remonter le tout plus facilement) … Heureusement, ici, la notre est tombée sur une belle surface de sable.
On a donc profité d’une bonne nuit pour se reposer avant de se lancer dans les premiers crapahutages dans l’Ile de la Gomera. On passe quand même au bureau du port pour s’assurer que tout est en règle, et tout est en règle. C’est d’ailleurs bizarre comme à Madère il fallait absolument déclarer notre arrivée et notre départ à la douane même si on est au Portugal donc en Europe, alors qu’aux Canaries, il n’y a rien à faire, normal puisqu’on est en Espagne donc en Europe. Bref.
Vueltas est le port de la petite ville touristique de Valle Gran Rey, littéralement la « Vallée des Grands Rois », où habitaient les chefs aborigènes les plus puissants de la Gomera, avant la colonisation espagnole. Et il se trouve que les Grands Rois avaient pas mal de goût, parce que leur vallée, elle en jette ! Un petit passage à l’Office du Tourisme pour récupérer une carte de l’île (gratuite et très bien faite, elle vaut les cartes Kompass que nous avions achetées à Madère et à La Palma) et des sentiers, et apprendre par la même occasion que l’hiver dernier a été difficile, beaucoup d’éboulements un peu partout, ce qui fait qu’un certain nombre de chemins sont fermés car dangereux, et que certaines belles plages de sable noir ont disparu sous les cailloux …
Nous voilà donc partis (on avait à peu près prévu le coup, chaussures de rando et bouteille d’eau dans le sac) pour remonter à pied la Vallée des Grands Rois, après s’être procurés de très bons sandwiches à la zumeria (bar à jus de fruit) du bourg, dont nous notons l’adresse pour y retourner après la ballade.
On suit le fond de la vallée pour trouver la Ermita de Los Reyes (l’Ermitage des Rois) et le petit village de Chélé. Pique-nique sur la route et cueillette de mangues sur un manguier qui borde le chemin …
Ensuite, du côté opposé, on cherche le chemin qui suit un vallon et mène à une petite cascade … On croise plein d’Allemands, qui ne se posent pas la question et qui nous disent « Hallo » ou nous demandent notre chemin en Allemand. J’arrive à tenir à peu près des propos cohérents, c’est rigolo, je ne pensais pas parler beaucoup cette langue pendant notre voyage !
Retour tranquille au bateau via le petit hameau de Guro (nous en reparlerons !), la zumeria où nous avons dégusté du vrai jus de maracuja et de goyave, un petit marché des produits du potager où nous avons trouvé de la menthe et du basilic frais qui ont embaumé le bateau pendant quelques jours !
On vous tiendra au courant de l’arrivée des photos sur Picassa (en plus il y a les bêtises de Tomtom en balade, c’est rigolo).
un petit coucou rapide les amoureux!
je viens de vous imaginer mouillant le bout du doigt pour connaître le sens du vent et lançant l’ancre en écoutant le bruit du plouf pour savoir où ça tombe.. bon voyez que malgré vos explications techniques et les détails nombreux je fantasme un peu votre traversée.
Merci de continuer à nourrir mes rêves; Cette semaine j’ai rêvé que je prennais un autre voilier avec des amis à vous pour venir vous voir en week end. Audacieux non? bon on était pas prêt d’être arrivé puiqu’on faisait une halte à Boulogne pour notamment confier à nausica un bout de corail-méduse que je promenais en laisse depuis qu’on l’avait ramassé au large. (c’est grave docteur?).
des bisous
Des photo, des preuves, on veut la voir cette dorade!
Non on a honte elle est trop petite :)
Enfin on en a eu une encore plus petite sur la route du Cap Vert (plus une autre qu’on a relâchée et une autre qui s’est décrochée en la remontant)