Après nos déconvenues d’arrivée, notre aventure aux îles Tonga ne pouvait que mieux se passer… En effet la suite nous a donné raison !
L’île aux enfants (groupe de A’apu) : rencontres et leçons de botanique
Passés les trois jours de pluie dans la tristounette capitale, Nuku’alofa, une fenêtre météo favorable nous permet de prendre le large. L’excitation gagne le bateau à l’approche de l’appareillage et nous profitons pleinement de cette bonne nuit de navigation, rythmée de quarts en double pour nous accoutumer aux spécificités schnapsiennes. Le ciel est dégagé, la Croix du Sud nous cligne de l’oeil… Nous voilà bel et bien partis !
Nous filons tranquillement sous génois seul pour arriver le lendemain matin dans une petite île bien tranquille du groupe des A’apu au milieu de son lagon. Après une sieste réparatrice, nous découvrons que nous sommes plus qu’attendus : l’intégralité de la quarantaine d’enfants que compte l’école locale est impatiente de découvrir les occupants du bateau qui s’arrête chez eux – l’attraction du jour. Une petite fille, puis deux, puis dix enfants nous escortent et rivalisent d’audace pour nous offrir des coquillages ramassés dans le sable. Nos bras sont saturés mais nous n’avons toujours pas échangé un mot. Comment communiquer avec eux ? Ils ne parlent que trois mots d’anglais et le tongien n’est pas encore à notre répertoire. Qu’à cela ne tienne, Bo se jette par terre pour réaliser un authentique pont-tunnel en sable, fidèle à sa vocation d’ingénieur. Clairette et TomTom ripostent avec une tortue en géante, parée de vraies écailles dessinées à la main et de vrais yeux en coquillage. Il n’en faut pas plus pour que la complicité s’installe, la plage se pare de sculptures diverses : étoiles de mer, poissons, visages, coeurs… Notre langage commun est en trois dimensions !
C’est alors que surgit Reraina, habitante de la capitale de passage sur l’île pour aller voir sa maman. A l’inverse des autres personnes que nous avons rencontrées, elle parle très bien l’anglais. Elle est ravie de pouvoir nous faire une visite guidée détaillée de l’île, non sans nous montrer les différents types de cultures – mangue, taro, pandanus, … – et la ressource que représente l’exportation de concombres de mer vers la Chine. L’organisation de l’île semble très communautaire : les quelques plantations sont toutes regroupées au centre de l’île et les cochons s’ébattent en liberté. Les quelques 200 habitants vivent en quasi-autarcie. Nous notons tout de même la présence de chaînes hi-fi dans beaucoup de maisons et bien sûr une télévision commune pour suivre les matchs de rugby de leur équipe nationale…
Oua et le volcan Kao : les paysages et les couchers de soleil en mer
Nous voilà donc confortés dans notre désir d’aller découvrir les petites îles environnantes, c’est ainsi que nous arrivons le lendemain sur l’île d »Oua, à quelques milles de l’île aux Enfants. Derrière un grand récif, dans 6m d’eau turquoise, nous partons à l’assaut avec nos masques et nos tubas. Ange et Bo s’émerveillent de tant de poissons multicolores tandis que Clairette ne rêve que de chasser un poulpe pour le déguster au dîner… Ce projet restera un échec, largement compensé par le bon gâteau que nous cuisine TomTom pour le dessert !
Le mouillage offre une splendide vue sur Kao, l’un des deux grands volcans des environs. Nous le voyons très bien depuis notre arrivée dans le groupe d’A’apu tant il se détache des autres îles, plates et sablonneuses mais sa silouette désormais familière exerce toujours la même fascination au coucher du soleil.
Uiha – les baleines et les coquillages
Nouveau départ vers une autre petite île le lendemain matin. Il y a un bon vent sud-est, de 15 à 25 noeuds, nous naviguons au bon plein quand soudain Bo hurle depuis la barre :
« – Là-bas ! Euh… RECIF ! Euh… Euh… Un truc, euh… Dauph… Bal… Euh… GROSSE BETE !!! »
Un groupe de baleines à bosse croisent dans les environs et nous offrent un joli spectacle. Les « splash » fusent, elles sautent, jouent avec leurs nageoires, sortent parfois entièrement de l’eau… Elles sont énormes mais paraissent sautiller ! Nous en croiserons plusieurs durant cette traversée. Elles sont facilement reconnaissables à leur immense nageoire noire et blanche qu’elles laissent volontiers affleurer.
A l’arrivée à Uiha, nous mouillons bien à l’abri dans un lagon et partons vite explorer les fonds. Ils ne sont pas extraordinaires et l’eau est troublée par le sable mais la plage et la couleur de l’eau sont un spectacle digne d’une carte postale.
L’île est habitée et en ce dimanche on entend régulièrement sonner les cloches : aux Tonga, le repos dominical est très respecté et inscrit dans la loi. Bruit, sports et autres activités sont interdits ce jour-là. Tant mieux… Nous n’envisagions pas de courir un semi-marathon sous les 30°C ambiants…
Lifuka – la réconciliation avec la ville
Dernière escale au Royaume des Tonga, et porte de sortie du pays : Lifuka. Il faut en effet se prêter à un ballet entre moult bureaux et accomplir les formalités de rigueur dans un port homologué pour pouvoir quitter le pays en règle. Nous avons choisi Lifuka, capitale de Ha’apai, le groupe d’île où nous nous trouvons, en redoutant que la ville soit aussi hostile que Nuku’alofa d’où nous sommes partis. Finalement, tout se règle rapidement entre seulement deux bureaux et cerise sur le gâteau, nous trouvons un accès gratuit à l’eau potable ! Les filles font les navettes jusqu’au bateau pour remplir d’eau douce les jerricans tandis que les gars vont faire tamponner les passeports aux bureaux de l’immigration. Là, miracle, ni racket, ni taxes inventées, rien à payer pour avoir les quatre tampons – contrairement à ce que nous avaient raconté les douaniers en jupette de Tongatapu. Juste quelques sourires et nous sommes en règle !
Avant de partir, nous dépensons quelques dollars tongiens au marché local. Ce que nous avons économisé en taxes, nous préférons le laisser à l’économie locale. Malheureusement, l’artisanat est très peu développé ici et à cette heure tardive de la journée, nous ne trouvons presque plus de fruits et légumes. Pas même une carte postale à se mettre sous la dent : c’est dire si peu de touristes passent ici !
Le reste de la soirée est consacré à préparer notre traversée jusqu’aux îles Fidji, ce qui vaut à Bo et TomTom la joie de monter en haut du mat et l’occasion de prendre quelques clichés atypiques.
A la veille de quitter les Tonga, les conclusions sont claires : la leçon à retenir est d’éviter autant que possible Tongatapu et de se précipiter sur Ha’apai, groupe d’île au milieu de l’archipel. Toutes les petites îles près desquelles nous avons mouillé offrent des paysages magnifiques, loin de la désolation de la capitale et toutes les rencontres font état d’un formidable contraste avec la morosité de Tongatapu.
En revanche, nous sommes frappés par la pauvreté générale et le peu d’artisanat. Dans l’ensemble, le pays vie de subventions des grands Etats voisins – Australie et Nouvelle-Zélande – et l’absence d’ouverture sur le monde se ressent dans l’accueil rencontré partout. Obtus et paperasseux, comme à l’aéroport ou curieux et étonné, comme dans les petites îles sur le chemin.
Quant à Vava’u, au nord, nous n’aurons pas le temps de l’explorer cette fois-ci.
On avait hâte de connaître en détails et en photos vos moments de navigation partagés. C’est super. Quels couchers du soleil incroyables ! Vivement la suite. Biz. CAD
lesbaleinesetlescoquillages dans tous leurs états ! merci pour le journal à la rédaction partagée, pour la leçon de communication, et les photos plus belles que belles !
Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Contente de voir que vous avez pu sortir de la capitale et des pièges à porte-monnaie, pour enfin trouver des côtés agréables aux îles Tonga. Sinon, j’aurais eu l’air de quoi moi, hein ? Après vous avoir dit tant de bien de Vava’u ???
Merci pour cet article qui réveille beaucoup de bons souvenirs, et qui fait rêver de pouvoir à nouveau nager dans ces eaux turquoises si riches en poissons, coraux, et couleurs magnifiques. Qui sait, si vous y repassez un jour, on arrivera peut-être à vous rejoindre !
Plein de bisous Lorientais, ou le soleil daigne pointer son nez après un été pluvieux et tristounet.
Finalement, l’émerveillement l’a emporté sur les désillusions, pas d’inquiétude ! On re-signe dès que possible, après une escale sur Schnaps en Nouvelle-Zélande peut-être ?
Pour l’escale en NZ, c’est bon, on y est, vous venez quand vous voulez !!
Nous aussi on a aimé : les polos customisés lesbaleinesetlescoquillages, Kao, les enfants de l’île aux enfants, les gens gentils et souriants, les poissons tous colorés, nos invités, les couchers de soleil, les coraux, le pont-tunnel, les couleurs de l’eau, les cocotiers, Kao, les poulpes qui se sont trop bien cachés, les pâtes, les euh…grosses bêtes !, les pattes de castor, la citronnade (surtout grillée), la cassonade, les moutons bleus rouges jaunes et noirs, les poulettes, les quarts de dodo très longs, le niflugel en papillote, Kao, les 30°C de l’air mais surtout les 27°C de l’eau (oui parce que maintenant, en Nouvelle-Zélande, elle n’est plus qu’à 13, c’est indécent), et puis j’en passe, et puis Kao qu’il est beau.
Et maintenant on aime les articles de blog qui s’écrivent tous seuls et qui font plaisir à lire et à regarder !!
Des bisous !
Le récit écrit des navigateurs de passage AngeBo est aussi coloré qu’à l’oral !! mais des castors dans ces coins-là faut arrêter le hakik les gars….. déjà que les poulpes se planquent….. et pour ceux qui ne connaissent pas TomTom et Clairette, ça donne envie de les rencontrer. Biz