Après trois jours d’une belle traversée rapide, dans de belles vagues et sous des ciels, disons, variés, nous voici en vue des Iles Fidji. Comme lors de notre arrivée aux Tonga, il a fallu composer avec des formalités maladives. Voici donc pour commencer un (court) récit des embêtements qui existent dans ces îles. On vous rassure : elles n’en n’usurpent pas pour autant leur réputation de petit paradis…
Notre point d’entrée sera le port de Levuka, sur l’Ile d’Ovalau. Relativement petite comparée à sa grande voisine Viti Levu, elle fut pourtant la capitale du pays avant que Suva ne lui ravisse le titre. En théorie la procédure est plutôt simple assez longue, mais en pratique ça oscille entre très pénible et carément burlesque. Nous arrivons dans un nouveau pays. Nous sommes donc tenus de nous rendre immédiatement dans un « Port of Entry », c’est à dire un port habilité à recevoir des bateaux arrivant de l’étranger. Exit donc la visite des magnifiques îles à l’est (au vent) de l’archipel. Il faut noter que « immédiatement » signifie également que si vous arrivez vendredi en fin milieu d’après midi, et que les bureaux sont fermés, il vous faut rester au mouillage devant le port jusqu’au lundi matin, sans débarquer à terre. Pas question de mouiller ne serait-ce qu’un mile à côté, dans un lieu plus beau pour attendre, sous peine d’amendes et de longues procédures…
Au « Port of entry » nous devons donc subir une inspection des services de santé, suceptibles d’exiger la destruction des denrées alimentaires qu’ils jugeraient dangereuses, puis la visite des douaniers. Il nous faut aussi faire vérifier et viser nos passeports, obtenir un permis de croisière, et s’acquiter du droit de mouiller devant le port (oui, oui, devant, même pas dedans). Tout cela est long et, pire, coûteux ! Les Fidjiens nous font en effet tout payer, et, comble !, même cher le service n’est ni bon, ni pratique. Il faut visiter des tas de bureaux différents, l’un pour le papier, l’autre pour payer, le suivant pour on ne sait quoi. Il faut également pouvoir déclarer précisément, au jour le jour, notre programme. Cela n’a pas de sens pour un voilier qui fait du tourisme au gré de la météo et des envies de ses habitants.
A Levuka nous nous en serons relativement bien tirés, et nous avons profité de cette escale pour découvrir la petite ville et ses charmants habitants. Mérite d’être noté le petit manège qu’ont représenté les formalités.
1. Tom et Bo partent à terre pour faire les papiers (10 min de rame, Hector est fâché ce jour là)
2. Le douanier dit que seul le Capitaine a le droit de débarquer et qu’il ne fera les papiers que lorsque Bo sera de retour à bord. Hop, retour à bord (10 min de rame dans le clapot)
3. Tom retourne à terre et fait les papiers, il revient à bord avec des formulaires pour tous (2 x 10 min…)
4. Tom retourne à terre avec les formulaires remplis et revient vers le bateau avec un officiel (qui avait au départ refusé de monter dans l’annexe, jugée trop petite) (2 x 10 min dont une avec un lest…)
5. Tom retourne à terre chercher le deuxième officiel (qui a très peur de tomber à l’eau) (2 x 10 min dont…)
6. Tom arrive et souffle enfin un peu. On discute, on fait les papiers sous forme de :
Officiel : « vous n’avez pas de produits frais à bord ? »
Nous : « non, non, seulement des boîtes »
Le tout avec un sac d’épluchures de légumes bêtement oublié sur la table du carré, entre les formulaires en cours de remplissage…
Dieu merci, il y avait le tampon ! Ah ! Le tampon de Schnaps… Ils l’ont tant aimé qu’ils en ont mis partout, partout, partout. Il a fallu protéger les peluches . Ce ne fut pas sans rappeler, tant par la forme que par l’intelligence, la scène du tampon dans le train pour Pau de Chevallier et Laspalès. Un grand moment de rire !
7. Boris ramène le premier officiel à terre, terrorisé (2 x 10 min…)
8. Boris ramène le deuxième à terre, et il se prêtera au jeu : il ramera un peu (…)
9. Ouf, tout le monde passe à table, il ne reste plus qu’à visiter 3 bureaux après le déjeuner !
Optimistes que nous sommes, nous nous pensions tirés d’affaire. Oui et non. A chaque fois que nous changerons de zone de navigation aux Fidji, il nous faudra refaire une partie du cinéma. Pour aller de Levuka à Suva (une nuit de navigation) il faut d’abord quitter officiellement Levuka auprès du bureau des douanes, puis naviguer, arriver, et marcher longuement jusqu’au bureau des douanes de Suva pour y signaler son arrivée, et ainsi de suite. On pourrait passer autant de temps dans les bureaux qu’à naviguer. Un comble ! et surtout une perte de temps énervante.
Si vous passez par les Fidji, vous aimerez, mais armez vous de patience, et d’un peu plus de temps que nous… Enfin voici le résumé des choses, tels que nous l’avons finalement compris (ou pas !).
Et voici le résultat final :
Enfin nous ne pouvons pas faire l’impasse sur un presque-embêtement. D’une part car ce fut une surprise et d’autre part car ça fera rire Clairette. Lors d’une petite douche, à l’arrière de Schnaps, nous appliquons la procédure habituelle : PLOUF ! Et nous nous rinçons joyeusement, et tombons nez à nez avec un… serpent ! Un serpent qui nous barre la route vers l’échelle de bain et donc nous empêche de remonter à bord. S’en suit un dialogue sommaire :
Bo : « Euh… Là !! SERPENT !! »
Ange : « Quoi ? Pas drôle ta blague ! »
Bo : « Vite ! Dans l’annexe ! »
Ange : « aaahhh ! »
Et nous voici donc tremblants dans l’annexe à regarder s’enfuir le serpent, peu sûrs de la nature et de la dangerosité de la bête. Le récit aura bien fait rire Clairette. Les locaux nous dirons que c’est « poisonous » (vénéneux) mais qu’ils n’attaquent jamais. Un petit tour sur Wikipédia nous convaincra qu’il s’agissait bien d’un Tricot Rayé, mortel, mais peu agressif…
Merci vous m’avez bien fait rire avec les formalités ! Moins avec le serpent !
Bisous
Eh oui, tous ces embêtements administratifs ne m’étonnent pas. Les terriens ne se rendent pas toujours compte à quel point les officiels peuvent être tatillons, stupides, voire parfois vraiment énervants. La grande croisière n’est pas toujours une succession de journées paradisiaques au soleil sur des îles désertes. Il y a des journées entières consacrées aux paperasses, comme par exemple en arrivant à Buenos Aires, ou dans n’importe quel grand port du Brésil. Evidemment, les bureaux des douanes, de l’immigration, de la santé/agriculture et de la marine ne sont pas du tout dans le même coin… Mais au moins, ce n’était pas payant ou pas trop cher. Quand le racket s’ajoute à tout ça, on a bien envie de claquer la porte et d’aller voir ailleurs. Il y a suffisamment de superbes coins autre part ! En tout cas, chapeau pour vos articles avec un oeil extérieur, ça nous fait du bien aussi d’avoir cette perspective là.
Heidi & Nicolas
Moi je me souviens surtout de la grille percée d’une porte pour nains et de la barre en métal qui m’a assommée quand je me suis relevée trop vite, de m’être énervée en français sur ces olibrius qui ne sont même pas foutus de mettre des portes de dimension normale avec tout l’argent qu’on leur donne (je crois même que sur le coup ils ont compris le français), d’une station prolongée sous un robinet d’eau froide pour ne pas laisser pousser une bosse qui aurait été aussi énorme que leurs taxàlacons… Et pourtant il faudrait en retenir tant de choses bien plus sympathiques, d’Ovalau !!
On imagine très bien votre dialogue autour du serpent ! (:-) de grosses bises et de la sérénité pour les périodes de papiers…envoyez-nous d’autres trop belles photos, le froid s’est installé à Cherbourg et ça nous ‘réchauffe le coeur’!