On vous a gâtés en 2019 : pas moins de 19 articles (soit une augmentation de 1800% par rapport à l’année précédente) ! Et comme les travaux ne sont pas exactement finis, nos fidèles lecteurs vont profiter de quelques autres articles en 2020. En commençant par celui-ci.
D’abord, profitons du premier article de l’année pour vous souhaiter plein de bonnes choses, du bon vent, une bonne mer, des inspirations un peu folles, des coups de chance, des coups de cœur. En 2019 un de nos couples d’amis a investi dans Obélix, un beau vieux voilier, en 2020 on espère qu’au moins une autre famille (qui se reconnaîtra !) trouvera chaussure à son pied… Et pour tous les autres, on vous souhaite des projets qui vous amusent, tout le monde n’est pas obligé de se lancer dans des projets aussi fous que la navigation en famille de par le monde !
Schnaps commence l’année 2020 avec quelques petites avancées sur les travaux, vu que depuis la dernière visite relatée ici le chantier a travaillé une semaine de plus, et qu’au cours des vacances on est allés voir Schnaps quelques fois, Tomtom en profitant pour démonter ce qui restait de la cuisine. La conception a également avancé.
Parmi les choses qui se voient, le cockpit est à peu près blanc. Comme tous les changements (nouvelle capote, hiloires prolongées, trous bouchés etc) ont été bien faits, on ne voit pas trop la différence entre ce qui est neuf et ce qui existait avant, donc je vous laisse aller faire un tour dans les articles de la dernière année pour jouer à avant / après.
Et la cuisine n’est plus. Le démontage avait commencé avec l’extraction du frigo, cette fois la glacière et les meubles sont partis. L’occasion de mettre du bazar dans Schnaps, ça faisait longtemps qu’on n’avait plus fait ça.
Quant aux réservoirs, les parois intérieures pour empêcher l’eau de blobloter sont montées, les couvercles avec des ouvertures pour des hublots (pour le nettoyage ou l’inspection) sont prêts et à l’heure où j’écris ils sont probablement en train d’être collés.
J’en profite pour annoncer le grand gagnant du dernier petit jeu : Guillaume H avec 500L est le plus proche de l’estimation du modèle 3D (autour de 650L) pour la contenance des deux réservoirs combinés. Bravo Guillaume !
Zoom à l’intérieur d’un des couvercles de réservoir : le petit bidouillou blanc, c’est un embout sur lequel on montera un évent. L’évent permet à l’air contenu dans les réservoirs de s’échapper quand on les remplit (et donc de pouvoir les remplir), et à l’air de rentrer quand on les vide (et donc de pouvoir les vider). Ce qui est malinou ici, c’est que Dave et ses gars ont creusé un peu l’embout, pour qu’il puisse toujours servir même quand le réservoir est rempli à bloc (à moins de 2 cm du haut). C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup, c’est une assez bonne illustration de la qualité du boulot que le chantier fait. On ne leur avait pas demandé de faire ça (on y aurait certainement pensé si on avait fait les réservoirs nous-mêmes), c’est une initiative qu’ils ont prise pour faire du travail excellent plutôt que juste comme-on-a-demandé. C’est le genre de choses qui nous rassure, quand on fait le point sur les dépenses, qui évidemment excèdent le budget initial, ou sur le timing, qui dépasse aussi les prévisions : on a beaucoup de chance d’avoir trouvé un chantier qui fait du travail de qualité sur Schnaps, avec des gens en qui on a confiance, qui donnent de bons conseils, qui prennent des initiatives intelligentes, qui se rendent disponibles le week-end pour faire le point avec nous…
Design
Ça fait un moment que je parle des travaux à venir et du temps que ça nous prend de faire de la conception. Comme on a plus mis à profit le temps des vacances pour avancer sur la conception que pour faire des travaux physiquement sur Schnaps, voici quelques petites illustrations. Simplifiées, car derrière chaque dessin, derrière chaque décision, il faut imaginer une multitude de questions, d’options, de brouillons sans suite, d’interactions de différentes contraintes, de tableaux +/-, de recherches de matériaux et/ou d’équipement sur internet.
Le capot de la baille à mouillage
Il était en fin de vie et l’arrivée d’un enrouleur supplémentaire, ainsi que la réfection du pont qui va accueillir ses charnières, l’ont remis en question. Notre capot de baille à mouillage sera maintenant en deux parties, l’une qui restera à poste en général à l’avant, et l’autre qui s’ouvrira sur le côté pour surveiller la descente / remontée de la chaîne, ranger du bazar dans la baille, etc. Admirez la petite paroi interne qui en plus de jouer un rôle structurel optimisera la ventilation de la baille à mouillage – laquelle ventilera aussi la cabine avant !
Chauffe-eau, chauffage, ventilation moteur
Le chauffe-eau se trouvait avant sous notre lit. Sous les tropiques, c’est pas idéal, il fait bien assez chaud sans ça ! Il nous a rendu de bons et (presque) loyaux services, mais il était arrivé en fin de vie avec une soudure qu’il a fallu reprendre au niveau de la sortie d’eau chaude. Donc au programme: remplacement de chauffe-eau et prise de décision pour son emplacement. La première itération rapide nous avait amené à le placer au-dessus du moteur, et les n itérations suivantes – bien plus lentes, il faut peser le pour et le contre de chaque solution – nous ont confirmé que c’était la moins mauvaise idée malgré son positionnement un peu en hauteur – la bête pèsera 60kg une fois remplie et c’est toujours mieux de positionner les poids significatifs le plus bas possible. A cet endroit, il sera en effet au plus près à la fois du moteur et de la cuisine, respectivement les plus gros producteur et consommateur d’eau chaude. En plus il reste dans le compartiment moteur et aura donc tendance à garder la chaleur plus longtemps. La question du modèle nous a fait tergiverser un peu, un modèle de format cubique nous ayant fait de l’œil (plus facile à caser qu’un cylindre), avant de se faire exclure vu le démontage complet et décevant qu’en a fait un de ses utilisateurs et exposant la quasi-absence d’isolation sur les côtés.
Dans la même logique, le chauffage trouvera sa place à côté du chauffe-eau, au-dessus du moteur. On en fait une vraie salle des machines !
Et vu qu’il faut faire respirer Dédé le XUD et que le chauffage a besoin d’un échappement pour fonctionner correctement, Tomtom a dessiné quatre tuyaux qui monteront de la salle des machines vers l’extérieur (deux tuyaux pour que Dédé inspire, un pour qu’il expire, et le dernier pour les prouts du chauffage). Un petit orgue à l’entrée de Schnaps.
L’intérieur
Pour finir avec quelques visuels du futur intérieur, comme le chantier va coller l’isolation sur la coque dans les prochaines semaines, il a fallu qu’on se décide sur les meubles à l’intérieur, qui tiendront mieux s’ils sont fixés sur la coque que sur l’isolation. Voici donc quelques petites images de la future cabine avant, de la salle de bains, du carré et de la cuisine.
Tout ça prend beaucoup de temps, surtout quand on est un peu perfectionniste, ou quand on apprend à dessiner en 3D, mais ça vaut la peine de se rendre compte sur l’ordinateur des choses qui ne vont pas marcher avant que le chantier se lance dans des travaux voués à l’échec ! Et puis quand Dave nous dit « c’est cool que vous me prépariez tous les plans détaillés, d’habitude on me donne une commande un peu vague et je dois me débrouiller pour que ça marche, ça nous fait gagner du temps ! », ça fait du bien.
On avait laissé de côté la table à cartes pour l’agencement de laquelle on n’arrivait pas à se mettre d’accord, mais il va falloir s’y remettre !
Et en parallèle de tout ça, il y a tout un tas d’autres petites et grandes études en cours, un peu trop parfois, qui nous prennent du temps, mais qui valent la peine d’être menées. Schnaps va être beau, robuste, confortable, bien pensé, on va être fiers des résultats et on va pouvoir en profiter !
Petit jeu
Du coup l’article du début de 2020 n’en finit pas mais on ne va pas commencer l’année sans un petit jeu. La dérive est tenue par un axe, autour duquel elle pivote quand on actionne sa commande. Tomtom avait vainement tenté de sortir l’axe quand on avait sorti Schnaps de l’eau, avant qu’il n’aille sur le camion. Finalement, on avait opté pour le plan B « on laisse la dérive dedans et on trouvera un moyen de la sortir plus tard ». On a demandé au chantier d’essayer à leur tour. Avec plus de temps sous la main et de bons outils, ils ont décrété que la méthode « bourrine » (taper sur la goupille qui tient l’axe) ne donnerait pas de résultat satisfaisant. Ils ont commencé une méthode « maline », mais qu’est-ce que ça peut bien être ? C’est un peu technique. Un indice pour nos ingénieurs : l’axe est en acier et la goupille qui le tient avec une détermination certaine est en inox.
On attend vos suggestions !
Tous mes meilleurs vœux pour Schnaps et toute la petite (… grande ?) famille de marins pour 2020.
Jocker pour le petit jeu technique : je me plante à chaque fois parce que je n’y connais rien.
Le cockpit en blanc, ça en jette : on voit que Schnaps prend une bonne forme.
Juste une question : fixer des choses directement sur la coque, donc derrière l’isolation, ça ne crée pas des ponts thermiques ?
Juste une autre question : un chauffe eau de 60kg en hauteur, ça ne remonte pas le centre de gravité ? Et en cas d’incident (il y a bien de l’eau dedans ?), ça ne risque pas de mouiller le moteur dessous ?
J’ai pris le risque de me faire passer pour un clown par des ingénieurs concepteurs, mais c’est juste parce que j’ai lu l’article…
Bises.
Merci François pour ton commentaire !
T’en fais pas pour le petit jeu technique, tu peux proposer des solutions alambiquées, ça peut nous faire rigoler !
Dounette a proposé de l’acide (par mél). On attend toujours les autres propositions…
Pour ta question isolation, oui on aura des ponts thermiques, l’isolation ne sera pas parfaite. Au niveau des hublots en particulier, s’il gèle dehors on le sentira, évidemment, mais tout sera quand même mieux. Et mieux vaut un petit pont thermique qu’une couchette qui se casse la figure en emportant la moitié de l’isolation quand un enfant gigotte un peu beaucoup / un meuble qui se détache quand on s’y accroche un peu brutalement alors que le bateau se fait secouer par une vague.
Enfin le chauffe-eau : très bonne question, on tente de mettre les gros poids au milieu, au centre et en bas (par exemple le moteur). Idéalement le chauffe-eau, les batteries, l’ancre, la chaîne, la chaîne de secours, les outils, etc seraient tous au milieu et en bas, mais parfois ça ne marche pas parce que 1. la place au milieu en bas est limitée et 2. l’ancre est quand même plus pratique à l’avant du bateau. Donc le chauffe-eau sera au centre et au milieu, près du moteur pour les échanges thermiques, près de l’évier pour la consommation, ce qui est déjà pas mal. La question des fuites se pose, mais en théorie le chauffe-eau ne fuira pas… on le surveillera !
Pour les suggestions, je tenterais un chauffage assez violent (chalumeau, voire acétylène) et/ou un refroidissement tout aussi important (azote liquide ?) L’idée étant de jouer sur les dilatations différentes selon les métaux pour les dessouder. A condition d’être assez loin de quelque chose d’inflammable, bien-sûr.
Bonne année à tout le Schnapsipage et bienvenue à Binouille !
Un commentaire de Damien L:
Je ne vois pas bien de quel type de goupille il s’agit, enfin ce que je comprend c’est que la goupille à l’air d’être coincée dans l’axe.
alors j’ai plusieurs idées plus ou moins réalistes:
– chauffer l’axe et refroidir la goupille pour bénéficier d’une dilatation suffisante (difficilement réalisable avec du composite autour)
– avec un arrache moyeux, ou arrache roulement
– percer la goupille avec un mèche de son diamètre, voir un poil plus gros
– faire une pile qui boufferait l’inox au profit de l’acier (c’est la seule réponse qui colle avec vos indices) mais je préfère la mécanique à la chimie, donc les trois autres proposition sont plus sympa à faire si on a un peu de temps bien sûr.
Très courageux de revoir une partie de la conception et de mettre en oeuvre une remise à neuf complète de votre bateau.
Je ne le referai pas. Trop vieux.
https://sites.google.com/site/vaguant/
Merci pour votre opinion. On s’est posé la question en long, large et travers avant de se lancer là-dedans. Ne disposant ni des fonds ni du temps pour envisager la construction d’un voilier custom de 50 pieds à quille relevable en sandwich épais (ça viendra peut-être un jour), et étant donné qu’une occasion plus récente aurait requis le même genre d’améliorations (capote, isolation) avec un prix d’achat déjà important et une structure moins généreusement dimensionnée, la restauration d’un ‘vieux’ bateau solidement construit à la conception loin d’être désuète – du point de vue de l’agencement général avec son carré à ‘salon de pont’ – que nous connaissons de fond en comble et auquel nous sommes sentimentalement attachés pour nous avoir vaillamment accompagnés sur ces 11 dernières années n’est absolument pas dénuée de sens.
Ah !
Une phrase à rallonges de Tomtom le Gropotom :)