Avertissement : ceci est un article long et technique qui raconte comment j’ai fait la capote de Schnaps. Je n’en voudrai pas à ceux qui se baladent sur le blog dans le but de voir de jolies photos et voyager avec nous s’ils passent outre la lecture de cette prose « modes et travaux » !
Ça y est on va pouvoir se mettre à coudre…
Je propose de raconter surtout l’ordre des différentes étapes de la couture, et quand il y a des petits trucs un peu plus compliqués, de faire des zooms.
1. Coudre les ourlets bas de la partie avant du pare-brise (ne pas coudre la partie qui se rabat vers l’arrière, ça sera fait plus tard). J’ai mis 10 bons cm d’ourlet pour rigidifier la partie basse de l’avant.
Petite image pour la couture d’un ourlet en Sunbrella (ce n’est pas que c’est difficile, mais je mettrai d’autres dessins schématiques et j’utiliserai les mêmes systèmes de notation par la suite).
2. Coudre les fermetures éclair de l’ouverture dans le pare-brise avant qui va permettre d’assembler les 3 morceaux de tissu formant le pare-brise (bâbord, ouverture du milieu et tribord)
Deux trucs ici :
– la fermeture éclair n’aime pas les UV. Il faut donc la protéger au maximum, et pour cela, il suffit de faire de grands rabats de tissu sunbrella quand on la coud (faut avoir prévu ça dans la découpe !)
– pour éviter que le bidouillou qui sert à ouvrir et fermer la fermeture ne s’en aille quand on ferme jusqu’en bas, il suffit de le bloquer, au moins sur une des parties de la fermeture, par un morceau de plastique souple, cousu.
3. Assembler le pare-brise et le toit de la capote, seulement sur la partie qui sera horizontale, en haut, le long de l’arceau. La couture qui joindra les extrémités triangulaires de chaque morceau se fera plus tard.
La couture conseillée par ma voilerie préférée ressemble à ça (dans la théorie) :
4. Essayer la capote sur les arceaux, toujours tenus par leurs sangles. Si tout va bien, on en profite pour noter sur le tissu à quelle longueur on fera s’arrêter la partie toit, en prévoyant un rabat sous l’arceau arrière.
5. Coudre l’ourlet du toit côté arceau arrière.
Ah mais c’est que les mains courantes, elles nous créent des soucis… Il faut leur faire un passage dans le rabat du toit. Mais cette forme de couture risque de créer un point faible, enfin un endroit où ça va facilement se déchirer si on tire dessus… Et on va tirer dessus, c’est forcé, pour tendre la toile.
La méthode que j’ai utilisée ici (et plus tard pour les ouvertures pour les écoutes), c’est celle-ci. Elle n’est peut-être pas homologuée, mais elle renforce assez bien…
Avant de découper l’ouverture pour la main courante dans le tissu du toit (ici en bleu), je place un morceau de tissu identique (ici en vert) côté recto du toit. Le morceau de tissu en plus doit être un peu plus grand que l’ouverture. Je couds le long de l’ouverture, en insistant éventuellement au niveau des coins. Puis je découpe en Y l’intérieur de l’ouverture, et je rabats tous les tissus vers le verso du toit (c’est le 2ème schéma). Si on compte bien, ça fait 4 épaisseurs de tissu, c’est beaucoup… Et là, je remets un coup de couture juste au niveau de l’ouverture, pour plaquer les parties rabattues sur le verso du toit.
6. Emmener tout ce tissu sur le bateau et l’installer sur les arceaux. Noter la position des sangles qui entourent l’ouverture du pare-brise avant, pour les coudre au bon endroit sur la capote.
7. Coudre les deux sangles intérieures, sur le pare-brise et sur le toit.
8. Essayer le tout sur les arceaux, se réjouir que ça fonctionne bien, en profiter pour noter la position des 2 sangles à l’extérieur.
9. Coudre les deux sangles à l’extérieur.
10. Coudre la fermeture éclair et le rabat qui permettront de fixer le haut du pare-brise sur l’arceau avant.
11. Essayer le tout sur le bateau. Tout va bien jusqu’ici, prendre l’apéro pour fêter ça. La mauvaise nouvelle, c’est qu’à partir de maintenant, à chaque fois qu’on va mettre en place provisoirement la capote, il va falloir tendre les sangles, et c’est long… Avec l’aide d’un équipier bienveillant, noter la position des coutures à faire pour assembler le pare-brise et le toit sur les côtés de la capote, le long de l’arceau qui descend.
12. Assembler pare-brise et toit sur les côtés. Ca va devenir plus difficile à partir de maintenant, car le gros morceau de tissu avec lequel on joue n’est plus plan…
13. Remettre en place la capote. Positionner les rabats qui terminent les côtés (ceux qui protègeront des vagues qui voudraient entrer dans le cockpit et qui permettront aussi de tirer la capote vers l’arrière).
14. Coudre les rabats et la sangle qui y est prévue. La sangle prendra une très forte tension, et si on laisse comme ça, elle va tirer sur le tissu qui tirera sur l’arceau. J’ai eu peur de déchirer le tissu, donc on a opté pour l’ajout de garcettes, cousues à la sangle avec le point zig zag triple magique, qui viennent s’attacher autour de l’arceau. Ainsi, la tension de la sangle est directement transférée à l’arceau, sans déchirer de tissu !
15. Remonter le tout sans se lasser. Évaluer la longueur des ourlets pour les côtés (fin de l’ourlet sur le pare-brise + ourlet du rabat).
16. Coudre les ourlets.
17. Vous avez deviné ? on installe encore la capote, pour évaluer la position et la taille des ouvertures pour les bouts. Ces ouvertures seront plus ou moins refermées par des morceaux de tissu qui abriteront au moins des embruns. On dessine donc une « paupière » pour le chariot à bâbord, et 3 ouies : une pour chaque écoute de génois sur les côtés, et une devant à tribord pour l’écoute de GV et le chariot tribord.
Au passage, on en profite pour noter la position des ouvertures vitrées.
18. Coudre et découper les paupière et ouïes proprement (cf. étape 5), puis ajouter des pièces en plus à l’extérieur pour fermer ces ouvertures.
19. Coudre les ourlets de la partie arrière de la capote, sur les côtés.
20. Coudre les fenêtres en tissu cristal. Je vous renvoie pour cette étape vers le site d’Edel Voilier, qui (je radote mais c’est vrai) est vraiment bien fait. En plus il a plein de photos, alors que moi, comme mes coutures n’étaient pas bien régulières, je n’ai pas pris de photos… La seule différence dans nos méthodes, c’est la fixation provisoire du cristal sur le tissu sunbrella. Il met du scotch double face transparent, moi je n’en ai pas trouvé. J’ai essayé la colle scotch (pas top), puis tout simplement des épingles, piquées dans la partie extérieure du cristal (qui sera redécoupée proprement par la suite), c’est finalement pas mal du tout !!
Au passage, perdre un tissu cristal qui profite d’une absence momentanée dédiée à aider Tomtom dans la mise en place de l’éolienne pour s’envoler, se baigner et couler, le con.
21. On arrive aux détails de la fin (après 20 étapes, il serait temps !) : coudre sur le panneau avant ouvrable, dans le pare-brise, des petites garcettes permettant de le maintenir ouvert roulé (comme une porte de tente).
Coudre des petits morceaux de sangles à la jonction pare-brise – toit, sur les côtés bâbord et tribord, qui serviront à attacher le taud de pluie quand il sera fait. Ça fait des petites oreilles, c’est rigolo.
Mettre en place les œillets au niveau de l’extrémité arrière du toit, pour y passer une garcette qui l’attachera (et tendra assez régulièrement le tissu) autour de l’arceau arrière. Ça fait un sacré boucan, et ça fait mal aux doigts quand la masse dévie un chouilla de sa trajectoire théorique.
22. Monter la capote (c’est l’avant-dernière fois). Noter sur le pont et sur la capote la position des points où il paraît pertinent de mettre en place une tension vers le bas, pour bien tendre le tissu.
23. Démonter la capote. Sur le pont, installer des pontets et des crochets (avec époxy dans le trou et sika sous la surface du bidouillou, on fait les choses bien, ça évitera des risques de fuites…). Sur la capote, mettre en place des boucles en sangles (des petites sangles de 20mm de large, ça suffit amplement), dans lesquelles passeront des garcettes qui s’attacheront aux pontets et crochets. On en profite pour coudre des boucles en sangle à la base de chaque ouïe de passage de bout, pour limiter la déformation liée à la tension du tissu.
24. Mettre en place pour de bon la capote.
Petit détail : pour que la tension vers l’arrière soit bonne, on installe tout, puis on tire l’arceau arrière vers l’arrière grâce à des sangles à cliquets entre le portique et les mains courantes, on tend au maximum les sangles latérales sur la capote, et on enlève les sangles à cliquet…
Au final ça donne ça, chez nous :
Voilà, j’en ai fini de mes histoires de capotes. Si jamais certains s’amusent à faire pareil et ont besoin de détails plus précis que mon racontage qui fait déjà 4 articles, il suffit de demander (via les commentaires ou bien par mél), je tâcherai de répondre !!
Prem’s sur celui-là !!!
et bien moi aussi j’ai tout lu, et ben ça a du être un sacré boulot ! chapeau pour la capote ! et je trouve qu’elle va à ravir à Schnaps !!
Gros bisous, et j’espère que Dédé va bien !!!
Gnègnès
Voui Dédé va bien, en même temps il n’a pas beaucoup fonctionné ces derniers jours, à peine 2h pour charger les batteries à mi-chemin …
T’as bien du courage d’avoir tout lu les articles capote, maintenant on attend de voir ce que tu peux faire pour la 305 ;o)
Epatés, nous sommes tous et pas capables de commenter davantage cet exposé au cours de ses quatre chapitres. Pour la conception, la persistance, les conditions dans lesquelles la confection a été exécutée, pour votre envie de partager et aller jusqu’au bout. On admire cette trace super détaillée et documentée, le mode d’emploi servira sûrement à d’autres aventuriers. Je confirme le résultat du dispositif que j’ai pu admirer et dont j’appréciais toutes les fonctionnalités durant mon (trop) court séjour à bord.
là, il faut reconnaître que tu as mis le paquet, tu as raison, le résultat final vaut le coup d’oeil. Je vais essayer de raccomoder la casquette de Martin aussi efficacement… Un bravo de plus, en tout cas
La mode est lancée, c’est sûr ! Bravo, au long de ton exposé, tu évoques les difficultés bien positivement, toujours pour être utile à celle ou celui qui pourra utiliser LA méthode maintenant éprouvée, pour chacune des étapes, de le conception à l’habillage !
Bravo pour la capote et pour les explications.
Félicitations encore.
Un grand merci pour tous les détails , les précisions, les croquis …. cela fait pas mal de temps que je cherchais comment faire proprement les finitions et les renforts pour les ouvertures, avant d’attaquer le lazy bag et peut être le bimini … et là je commence à y voir plus clair, merci encore pour toutes ces infos !!!
Pas de quoi ! On a nous-même beaucoup profité de blogs d’autres naviga-bricoleurs, c’était la moindre des choses qu’on partage un peu aussi !
Bon courage et bonne chance pour votre projet en famille, profitez bien !!
Bonjour et merci bcp pour tout ces travaux très expliqués :)
Avez-vous réfléchi à quelque chose de nouveau depuis 2010?
Je vous ai envoyé un mail resté sans réponse. Je suis en train d’acquérir un GibSea 38 et je réfléchis à faire une « capote rigide » avec retour jusqu’à l’artimon.
Peut-être y avez-vous réfléchi aussi?
J’aimerais bien avoir votre avis…
Je pense supprimer le rail d’écoute de GV au profit de deux palans, un sur chaque bord, comme je l’ai vu sur d’autres voiliers de voyage.
Cela permettrait de faire partir le pare-brise, non pas sur le roof de la cabine ar, derrière l’ancien rail, mais sur le pont du carré en modifiant la descente, qui sert relativement peu.
Il y aurait donc une modification de la fermeture de la descente sur le carré:
-pour la partie à coulisse horizontale, un hublot de pont réellement étanche de la même taille (moins les quelques cm que prend l’emprise du pare-brise), permettant de garder la luminosité, l’aération, et si besoin l’accès entre l’avant du pont et le carré.
-pour la partie verticale, donc sous le pare-brise, un hublot mobile (et étanche) permettant l’aération tout en protègent de la pluie. Cela permet aussi de conserver le rôle de « passe-plat » passe apéro bien utile, de la cuisine au cockpit.
Le « dog house » rigide a le gros avantage de donner une bien meilleure vision que le tissu cristal dans le temps, et de protéger bien mieux le bateau.
Si l’on pousse le bouchon plus loin, pour les veilles en pays froid, il doit être possible de concevoir un petit siège sur le roof de la cabine arrière, devant le mat d’artimon (sur rails coulisses ou rotation pour ne pas gêner la descente ar), avec si besoin les jambes dans la descente avant…
Gros avantage, on peut fermer avec du souple, la capote rigide derrière le siège. Vision a 360° et on profite de la chaleur du bateau. En cas de besoin on se tourne et on accède au cockpit ou on descend sur la table a carte et, suivant la conception on doit même pouvoir descendre dans la carré.
Ce n’est pas une timonerie intérieure (et encore on pourrait le faire) mais ça permet un excellent emplacement bien protégé et dans l’axe du bateau pour les veilles.
Qu’en pensez vous?
En effet, j’ai commencé une réponse qui commence par des félicitations pour votre nouvelle acquisition (forcément, c’est le même bateau que nous), mais n’ai pas eu le temps de finir avec tout ce qu’il y a sur le feu en ce moment.
Rapidement pour la capote rigide:
(voir http://www.lesbaleinesetlescoq.....la-comete/, le design a un peu évolué depuis mais les grandes lignes restent les mêmes)
Plus de détails par e-mail quand j’aurai fini ma réponse …
Je suis très heureux de lire cette réponse.
J’avais peur que vous ne soyez plus sur le bateau et que vous soyez passé a autre chose.
J’avais totalement oublier l’article « plan sur la comète » et c’est vrai qu’il y a bcp de pistes intéressantes pour l’évolution du bateau, dont la capote rigide :)
J’ai hâte de lire ton e-mail avec plus de détails mais aussi de lire de nouveau article sur le blog. A force de vous lire on s’attache à votre aventure et il est vrai que de nouveaux posts serait vraiment plaisant à lire :)
J’espère à bientôt.
Nicolas