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Cascais > Porto Santo

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La route de Schnaps, assez rectiligne au gré du vent qui a soufflé un peu plus Nord ou un peu plus Est ...

Un peu plus de 500 milles, telle est la distance que nous avons à couvrir pour atteindre l’archipel de Madère, auquel appartient l’île de Porto Santo dont nous n’avons découvert l’existence que pendant la préparation de la nav’ et qui était un point d’atterrissage idéal en fonction de l’heure d’arrivée pour ne pas arriver à Madère en pleine nuit. De plus, elle semble valoir le coup d’après un certain nombre de sites de voyageurs et du guide, même un peu ancien, que nous avons. Comme la météo s’annonce quasiment idéale (20 noeuds au – très – grand largue tout le temps), nous devrions mettre moins de 4 jours à atteindre cette ‘petite’ île, à une vingtaine de mille au nord-est de l’île principale.

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Le Cabo Raso et l'Europe qui disparaissent à l'horizon, au crépuscule.

Nous laissons donc les côtes du Portugal, et du même coup de l’Europe continentale, derrière nous ce mercredi 8 septembre au soir, au près bon plein avec un peu moins de 15 noeuds de vent. Schnaps file à plus de 6 noeuds, Clairette Colomb est à la barre, et « The Conquest of Paradize » résonne dans le cockpit.

Attention vidéo mytho (elle est un peu longue, mais bon on n’a pas trop le temps de faire du montage et puis de toutes façons c’est youtube qui régale) :

[youtube i65ZonklgJ4]

(note : les moments où il y a du vent qui fait ccchhhhrrrooooouuuujjjlfffffrerrrrrrrrrr c’est pas exprès juste pour pas qu’on comprenne ce qu’on dit Smile et comme on s’en souvient plus on peut pas faire le doublage, et désolé pour les entonnoirs et tuyaux à gasoil qui traînent sous la capote ça gâche la vue, on avait oublié de les ranger avant de faire la prise de vue !!)

L’enthousiasme débridé (l’ordi nous indique alors 3.5 jours de traversée) est un peu modéré par un faiblissement du vent dans la nuit, qui passe tout de même au nord-nord-est. Schnaps passe alors en mode ‘papillon’ (un foc de chaque côté et grand-voile affalée) pour profiter du vent qui lui souffle quasiment dans le dos … Depuis le départ, c’est Raymond le régulateur d’allure qui barre sans faillir : au vent arrière avec peu de vent, c’est plus difficile pour lui mais on le garde quand même, l’accalmie ne devrait pas durer et il ne fait pas des trop grands « S », il n’y a pas trop de vagues. Et Clairette barre pendant ses quarts pour faciliter l’amarinage (ou amarination ou amarinement, je sais pas), donc ça va, on n’avance pas très vite, mais à peu près droit.

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Raymond le régulateur d'allure au travail, au lever du soleil. Il a barré quasiment sans interruption pendant 4 jours. C'est vraiment magique, cette chose !

Ca se lève enfin pour de bon (c’était prévu pour la nuit, mais il y a du avoir du retard, des correspondances, il paraît qu’il y avait la grève, tout ça) le lendemain en fin de matinée : 12, 15 puis 18 noeuds de vent arrière, et ça monte encore tout doucement pour atteindre les 22 noeuds puis 25 au crépuscule. Schnaps avance à 6, 7, parfois 8 noeuds quand une vague et une rafale complices s’entendent ! Pour un peu, en oubliant qu’il pèse ses 10 tonnes, on pourrait imaginer un départ au surf … mais bon, on pourrait imaginer seulement ! C’est tout de même grisant d’avancer comme ça, mais vu que le vent monte encore, on décide d’être un peu prudents et d’enrouler le génois pour ne rester qu’avec une seule voile d’avant pour la nuit, Corentin le n°1. On est quand même toujours à 5.5 noeuds … Si ça continue comme ça, 7 noeuds la journée et 5.5 la nuit, on va vraiment arriver dimanche matin !

De temps en temps on croise des cargos, au milieu de nulle part, parfois d’assez près … Ils vont aux Canaries, à Nouakchott, à St Petersbourg …

Finalement, le vent est certes monté, mais pas beaucoup plus que 25 noeuds dans les rafales. Au matin ça se calme un peu, on redéroule le génois mais pas complètement, ce qui nous permet de gagner un peu plus d’un noeud et demi et de repartir entre 6 et 7 noeuds vers Madère. Un peu de moteur (1h30) pour recharger les batteries à bloc au bout de 48h de navigation (au portant l’éolienne ne produit pas régulièrement, et le panneau solaire fait ce qu’il peut mais ça ne suffit pas !) .

La nuit et la journée suivante se passeront sans encombre, malgré quelques petits désagréments : une garcette de poulie du régulateur qui cède, une Clairette qui décidément à du mal à se faire à la houle un peu courte qui apparaît depuis le départ dès que le vent dépasse les 20 noeuds … Je m’attendais à de la houle très longue, très régulière pour notre arrivée dans les alizés, mais non, on a eu au début une mer un peu croisée (des vagues dans 2 directions à la fois), et maintenant la houle est vraiment peu régulière, très creuse et courte, ça secoue pas mal … Ce sera probablement plus confortable vers les Canaries et après, où les vents sont mieux établis.

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Hobbes à la table à cartes, qui s'occupe de trouver le cap à suivre pour aller à Porto Santo. Remarquez que pour ne surtout pas être mouillé (pour ceux qui ne le connaissent pas, il a horreur de ça), il s'est bien assis sur l'Afrique.

Le matin du dimanche, nous voyons à l’horizon des montagnes, alors que le vent s’essouffle un peu et tombe à 10 noeuds, diminuant la vitesse de Schnaps à 3 noeuds … Nous croyons dur comme fer apercevoir les hautes montagnes de Madère, qui culminent à plus de 1800m au dessus de la mer, et cherchons l’île de Porto Santo, qui doit se trouver entre elle et nous … en vain ! Quelques aller-retours entre la table à carte et le cockpit et grattages de tête plus tard, il faut se rendre à l’évidence : Madère est bien plus loin, on ne la voit pas, et les montagnes sont celles de l’île de Porto Santo. Sur la carte c’est un tout petit bout de terre (surtout à l’échelle de la distance qu’on vient de parcourir), on ne s’était pas rendu compte que c’était si grand et si haut ! Nous apprendrons quelques heures plus tard, auprès de français nous ayant aidé à accoster à la marina de l’île, que nous sommes loin d’être les seuls à ne pas avoir compris tout de suite que ces montagnes, ces crêtes et ces falaises n’étaient pas celles de Madère.

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Les montagnes de Porto Santo qui apparaissent sous le génois. C'est quand même assez génial de voir une chaîne de montagnes au beau milieu de l'océan.

Au final, 500 milles en 93h, ça nous fait du 5.4 noeuds de moyenne environ, ce qui n’est pas trop mal étant donné les conditions plutôt molles pendant les 12 premières et les 12 dernières heures (3 noeuds de moyenne sur ces périodes) !

Une déception cependant : on n’a rien pêché du tout ! On n’a commencé à pêcher que le samedi, c’est vrai (quand Clairette n’est pas très bien, je n’ai pas trop envie de pêcher tout seul), mais Alfonso n’avait pas mis plus d’une heure à venir goûter notre hameçon, au large du cap Finisterre. On a eu beau essayer Jean-Eudes (un poisson nageur), Ger (celle qui avait su appâter Alfonso) et Rocco (un gros calamar vert fluo en plastique), rien, nada, que dalle. On n’a peut-être pas eu de chance, ou peut-être pas assez persévéré, ou on n’est peut-être pas passé assez près des montagnes sous-marines qui ont jalonné notre route …


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5 comments to Cascais > Porto Santo

  • Gnègnès

    Ben voilà, vous en avez vu des montages !! et c’est vraiment joli !!! et votre video Clairette Colomb, pas mal, mais on ne comprend pas tout, en effet !
    Bisous… et crapahutez bien !!!!

  • Mamodile

    Merci pour ces toujours belles lignes (pas seulement pour pêcher, les lignes !) et le reportage « comme si on y était »… Les gambettes vont bien ? et ton pouce ? (lui ne devrait pas avoir de courbatures, juste encore besoin de ne pas trop servir ?). Bonne escale, prenez aussi toujours le meilleur … vous nous faîtes partager avec ..voui voui.. émotion . Bisous

  • papaM

    Le temps passe et mon commentaire, après avoir passé quelques jours à bord du Schnaps n’est toujours pas fait, quelle paresse ! C’est en lisant ce matin votre dernier article, youtubant la vidéo sympa et ayant froid dans le dos, j’ai compris que je ne puis plus attendre. Désolé pour la place que je vais encore prendre, mais il serait difficile de morceler mes émotions.

    Merci au 3/4 de parents de me confier cette mission d’espionnage et merci surtout à l’équipage de me traiter aussi bien. Déjà, quelle impression de pouvoir partager ces moments avec nos descendants qui nous transmettent des choses, c’est ainsi que ça doit se passer pour que le monde bouge !

    Incompétent dans LE domaine précis et donc bouche bée, je me permets néanmoins de constater que Claire et Thomas, vous vous débrouillez superbement bien, êtes consciencieux et responsables, renseignés à bloc, sérieux et rigolos, précis, adroits, tout va dans le bon sens et sans précipitation. J’ai pu voir votre action dans une situation délicate à deux reprises pour être complètement rassuré.

    Cette expérience inouïe de faire ensemble et de faire confiance à l’autre, ça marquera toute leur vie. Désolé, j’insiste, mais je trouve ça formidable déjà à ‘sec’, mais encore plus dans ce milieu marin. Ils ont fait tous les deux un sport collectif et l’esprit est bien là, même si je ne vois pas bien une équipe de rugby diriger un bateau, surtout après la troisième mi-temps.

    Vous avez été bien patients pour m’expliquer des choses neuves pour un terrien, j’ai appris par exemple plein de nœuds et même ceux de la vitesse ! Pas possible pour moi d’être très utile, j’avais l’impression d’être dans vos jambes (tiens, le parent dans les jambes des enfants, pour une fois !), et donc fier quand vous m’aviez confié une tâche, (là, je vais bien sûr exagérer un peu pour la forme) comme cuisiner un goulasch et – même si Claire et moi l’avons fait goûter ensuite aux poissons – je repars vraiment rassasié et ravi. J’ai eu l’essentiel de ce que je m’imaginais percevoir, et – oui, curieux – vérifier. La vie sur un bateau, l’impression indescriptible de progresser d’une baie vers le large sous la lumière de la lune, les vagues modestes mais suffisantes pour l’effet garanti tant décrit, les levers de soleil, la danse des dauphins, la première du freinage sur le câble d’un filet, la dose d’iode….Et surtout, un milieu à ne pas s’en lasser et à découvrir, ouvert, qui se respecte, où il y a un équilibre, où il n’y a pas d’organe qui décide ça ou là un contrôle technique, une amende, où on se sent vraiment responsable et c’est comme ça que cela devrait fonctionner finalement partout.

    Quittant le bateau, et encore parfois à présent, je suis étonné pourquoi le sol ne bouge pas, pourquoi ces rangements et ces tables sans le rebord, des choses artificielles et trop faciles. C’est à sentir un ‘mal de terre’, surtout quand on voit et entend ce que nous en faisons. Ce qui me fait rire et m’a étonné, c’est d’avoir vomi et quelques secondes après continué à engouffrer la suite du croissant. Oui, je suis très fort à présent, je l’étais moins en ne respectant pas ma décision de ne pas être malade – car il y a bien des choses tellement plus intéressantes à vivre que j’aurais peur de rater – mais j’ai déjà envie de recommencer le test. A priori, ça s’arrange doucement pour toi, Claire, tu es vraiment courageuse !

    Pour les fans de cette aventure : je vous assure que la première tâche après l’amarrage est d’établir la connexion wifi et vider les boites mail pour récupérer les nouvelles des familles et de vous tous. Et voici Claire et Thomas chacun sur un ordinateur s’échangeant les impressions avec des cris de joie « ils ont écrit ! », « maman dit… », « mon petit frère a fait….», « Tiens , zut, il y a encore une dissertation de papaM ….. ! »
    Donc ne pas se servir de la rubrique comme moi mais plus intelligemment ….

    Merci encore Claire et Thomas, pour m’avoir accepté et surtout pour ce que vous êtes devenus. Bonne continuation pour vous deux et pour la route, faites très attention à vous tout de même.
    Et quand il n’y a pas de vent, dites vous que c’est toujours mieux que nous à terre, les grèves qui empêchent d’aller sont certainement plus nocives qu’un retard dû à la pétole (tiens, le correcteur d’orthographe insiste….) Vous, quand vous mettez le moteur en marche, vous avancez, ici ce n’est pas sûr du tout !

    Je vous embrasse très fort.

  • mamounnette

    Bonjour à tous

    Merci à Thomas pour la vidéo de Clairette Colomb, à Clairette pour nous avoir signalé le commentaire de papaM, et merci à lui de nous faire partager son récit de voyage. Merci aussi à Mamodile d’avoir donné à Claire et Thomas le livre qui a permis de soigner le pouce de Claire.

    Encore bon voyage et prenez bien soin de vous.
    Bisous

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