A bâbord ou à tribord de l’Amérique du Sud ? 270 ou 220 après le Cap Vert ? Les 40èmes rugissants ou les tropiques ? That is the kouestion…
Pour ceux qui se souviennent de notre premier article sur la route prévue pour notre voyage, pendant et avant notre préparation, nous avions décidé de contourner l’Amérique du Sud par la Patagonie. Dès le début, on ne s’était pas vraiment posé la question : les Antilles c’est plein de touristes, le canal de Panama c’est cher et compliqué, et puis la Patagonie c’est beau, sauvage, pas encore envahi par des hordes barbares de touristes, et puis c’est un peu un rêve commun … Et pour tout dire, depuis que tous petits déjà, on a vu que tout là-bas au Sud de l’Amérique ça s’appelle ‘Tierra del Fuego’, ça nous attire. Et en plus ça nous permettait de voir des tas de choses sur le chemin, d’un côté et de l’autre de l’Amérique du Sud.
Ni une ni deux, Tomtom a potassé le World Cruising Routes de Jimmy Cornell – ouvrage de référence qui indique les meilleures saisons pour chaque itinéraire, ainsi que les principaux éléments à savoir sur ceux-ci – afin de constituer un planning sûr en termes météo. Il s’est avéré rapidement que passer par là-bas tout en bas nécessitait de ne pas traîner, que ce soit pendant la préparation ou encore durant les escales lors de la descente de l’Atlantique pour arriver à temps pour l’été et le début de l’automne austral. Du coup, un plan B a été élaboré, toujours avec le même bouquin, en passant par le canal de Panama, au cas où on serait vraiment vraiment trop à la bourre. Et on a vite rangé cette option au fond d’un carton.
Et on est partis.
Et on a compris quelques petits trucs en route… Par exemple, que tous nos efforts pendant la difficile et laborieuse année de préparation n’ont pas suffi pour détecter et réparer tout ce qui pouvait tomber en panne ou casser sur Schnaps. En réalité, seuls des mois de navigation auraient pu nous aider dans cette tâche, mais nous n’avions pas ces mois devant nous (et puis nos patrons ne nous auraient pas accordé des mois de congés, faut pas déconner). D’où quelques « menus » travaux en route : les nouveaux winches de génois, la réparation de la poulie d’étai largable, la réfection du sandwich sous le rail d’écoute de GV, le remplacement des transistors du pilote… entre autres.
Note : on n’a pourtant pas chômé pendant cette année… En revisitant la liste excel de tout ce qu’on a fait (organisée en priorités 1, 2 et 3), on arrive même à s’ébahir d’avoir réalisé tout ça…
Et puis on s’est rendus compte aussi que le mal de mer de Clairette, ça pose des limites… Certes, on s’amarine, on s’habitue, on trouve des trucs pour en souffrir le moins possible, mais voilà, en cas de gros temps, la bassine se doit d’être présente pour un déballastage rapide entre deux manœuvres. Et c’est pas toujours drôle, pour l’un(e) comme pour l’autre…
Et puis… on commence à se dire qu’on a besoin de vacances. On a passé plus d’un an à vivre à 100 à l’heure, c’était dur (euphémisme). Après un début de voyage contraint par le planning serré selon lequel nous ne devions pas nous éterniser en escale, on s’est dit qu’on n’y arriverait pas, qu’on avait besoin de profiter des lieux qu’on découvrait sans culpabiliser de rater une fenêtre météo… Si on s’est démenés, ce n’est pas pour faire le SGV (Schnaps à Grande Vitesse) autour du globe sans escale ou presque, mais pour enfin avoir des vacances avant de retrouver, un jour peut-être, une vie normale !
Du coup, on a commencé à évoquer le plan B (canal de Panama) qui, au fur et à mesure que le temps passait, paraissait de plus en plus raisonnable. On a même annoncé à la famille et aux amis qu’on prendrait sûrement cette route là, et on s’en est convaincus tous les deux… Pour dire, on a même retrouvé le carton au fond duquel il était planqué !
Pour ceux (celles ?) dont la géographie serait défaillante, l’équipe du site « Les Baleines et les Coquillages » rappelle que le canal de Suez, ça n’a rien à voir et c’est complètement ailleurs.
Jusqu’à ce qu’à Madère, escale confortable, à têtes reposées, sans le mal de mer :
- on (ré)étudie en détail ce que ça veut dire Panama. Des emmerdements de formalités à gogo, des arnaques pires qu’à Funchal pour le coût du passage du canal… Hou qu’on n’aime pas ça !!
- Tomtom fasse un petit calcul de distance à parcourir (en ligne droite) sur les deux routes : 1000 milles* de différence sur un total de 7000 à 8000 milles, entre le Cap Vert et l’île de Pâques : pfiou, mais c’est quasiment rien !!
Indécrottables que nous sommes, on s’est remis à rêver de Patagonie. Comme on est cartésiens, on s’en est remis à la logique et on a fait un tableau avantages / inconvénients de chaque solution (NDTLGP : si vous saviez où ça nous a menés, de faire des tableaux comme ça … NDCLFC : Pour l’instant, aux Canaries !). Voici la version mise au propre :
+ |
– |
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Panama |
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Patagonie |
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* : Et oui, en fait c’est pas 1000 milles de plus, c’est 2000 ! Erreur de calcul… qui nous a lancé sur de faux espoirs ! Ne pas faire de calculs tard le soir en buvant de la liqueur de Maracuja, même à tête reposée !
On a également relu (surtout Clairette, Tomtom les avait encore bien en tête) des récits de voiliers qui sont passés par la Patagonie, ou ont essayé, et c’est pas 100% de parties de plaisir…
Voilà, on est rationnels, et quoi qu’on fasse, quel que soit le picotement qui nous donne envie d’aller en Patagonie, même si le bateau est techniquement prêt, même si l’équipage se sent d’attaque, il faut se rendre à l’évidence : si on veut profiter de notre voyage, le bilan est plutôt en faveur de Panama. On se console en se disant qu’on ira peut-être voir Jacques Brel, qu’on essaiera de trouver les îles les moins fréquentées des Antilles pour s’y poser, qu’on profitera beaucoup plus des escales, à commencer par les Canaries et le Cap Vert… Et aussi, qu’on le fera un jour, ce détroit de Magellan (dans une autre aventure), peut-être dans l’autre sens : Ouest – Est, ça sera plus facile car le vent sera plus souvent favorable. On remontera ensuite tranquillement le long de l’Argentine, qu’on prendra le temps de visiter car elle le mérite sûrement, puis on fera le Brésil…
Il vaut mieux être raisonnable , vous avez raison , et vous avez encore un bon paquet d’années devant vous pour faire d’autres aventures , alors de toute manière nous on vous suit dans votre aventure au quotidien par les récits , les meirveilleuses photos et la pensée biensur!!!!!!!
Donc en route pour Panama
bisous *
isa
Oui, c’était Le bon message matinal, merci pour votre réflexion et la décision mûre, je suis sûr que c’est tout de même un soulagement pour nous tous, on l’attendait impatiemment, cette information. Bien sûr que ce n’est pas facile de revoir à la baisse ses objectifs, mais il faut garder les pieds sur terre (pardon ), il y en a tellement, des buts, il y en aura toujours d’autres, je suis sûr que ça augmente même, proportionnellement comme on avance . Une partie remise, la vie est devant vous, vous avez déjà tellement bien commencé et cette route, ça sera déjà quelque chose…
On se réjouit pour suivre vos aventures, la décontraction sera au RV aussi à l’autre bout des ondes.
mirek
ben, oui, le soulagement est général, égoïstement, je me sens plus tranquille. Il est vrai que le coeur se serre de devoir remettre ses rêves à un demain lointain, mais bon, l’évidence est là et je suis contente que vous en teniez compte. Ca reste une aventure hors norme qui me fascine et vous comblera, quelle que soit la route choisie. Que les vents soient avec vous…
De mon côté cela va bientôt faire 2 ans que je « navigue » en Patagonie: la nouvelle pièce du Théâtre du Soleil qui s’intitule « Les Naufragés du Fol Espoir » est une adaptation des romans de Jules Verne, « En Magellanie » et « Le Phare du Bout du Monde ». Et dans notre histoire c’est pas très agréable de passer par la Patagonie, la glace, le vent, le froid, la découverte de l’or qui pervertit les indiens Alakaluf,…
Profitez bien de Panama.
en tout cas moi je suis bien contente que quelqu’un ait pensé à mettre une carte…
qu’est ce que c’est que ça, de la liqueur de maracuja ?
Pour te rassurer par rapport à la géographie, l’allusion au canal de Suez, c’était pas pour toi : tu n’es pas la seule à confondre certains lieux…
Sinon la maracuja c’est du fruit de la passion, on en trouve à des prix exorbitants en France, et on en a trouvé de plein de sortes dans un petit supermarché de Porto Santo (ah, les bananes maracuja… quel délice !) et depuis, pas tant que ça. En revanche on a eu la bonne idée d’acheter – toujours à Porto Santo – du sirop de maracuja et de la liqueur… Ça nous fait tenir jusqu’à nos prochaines maracuja fraîches !!
En plus ça fait de jolies fleurs la plante de maracuja :
Frustration d’une balade à Madère : les fleurs de la liane sont à portée de main, les fruits mûrs à 4 mètres de haut…
Hello les loulous!
Du rêve ou du rêve ? avec Panama vous ne serez pas déçus j’en suis sûre!vous retrouverez aussi de la liqueur de maracuja pour faire le plein! En plus quitte à visiter les mers chaudes c’est bien de la faire en bateau ce que font peu de touristes: Vous vous trouverez sûrement des coins insolites rien que pour vous à la voile.
L’argentine c’est super paraît-il!La bolivie est aussi très recommandée et pas chère du tout, ma soeur y a passé 3 semaines et vous y arriverez à la bonne période. Rien ne vous empêche de visiter la Patagonie plus tard. Vous êtes si jeunes!
Plein de bises, du courage, de belles photos et de bons poissons !
Merci pour vos récits fabuleux.
Y aura-t-il encore quelqu’un après moi pour conforter cet écho unanme ? Votre décision rejoint mes pensées, au fil de votre trajet, après la lecture de récit(s) de l’itinéraire Patagonie, je suis sûre comme tous ceux qui vous accompagnent de coeur, qui vous lisent avec admiration, qui vous aident et vous guident quand il y a des mauvaises surprises et plus encore, je suis sûre que vous vivrez votre rêve autrement, plus tard, et que vous saurez surmonter les inconvénients de Panama en appréciant d’autes valeurs. Je vous souhaite le moins de déconvenues possible.. et, d’ici là, les meilleures conditions pour tout et tous les deux. Je vous bise très fort, j’espère que pour vous les rhumes et + c’est fini- « Profitez » au mieux et ss trop de précipitation des Canaries !
De toute façon vous faite déjà quelque chose de grand, alors gardez-en un peu pour une prochaine fois !!! vous avez été sage en prenant cette décision, et bien raisonnable, vous n’êtes pas allés effleurer vos limites… et puis de toute façons vous y passerez au retour !!! Tant que vous vous amusez, que vous prenez le temps de découvrir de nouvelles choses et que vous n’êtes pas pressés par le temps, tout va bien !!
J’ai modifié mon tracé au crayon sur ma carte du monde (oui, dans mes toilettes…) pour suivre votre route…
et vu que la destination reste la même, on se verra là bas !!!
Gros bisous, bonnes navigations
Gnègnès
Bon jour à vous,
Ici il fait un temps d’Irlandais ce qui réveille des souvenirs…. d’ou des questionnements,dont, mais ou sont-ils?
Alors c’est pas tagoni, tant pour l’autre chanteur qui se prend pour un ténor,et c’est panama-ne pas oublier le chapeau ça donne de la prestance-Bravo et bon vent , après tout ce n’est qu’un canal,sorte de trait d’union, et ce qui est excitant c’est de penser à ce qu’il y a au bout du canal….
Bernard
Bravo pour cette décision plus sage !
Ce sera en effet beaucoup mieux pour vous d’avoir du temps, pour pouvoir profiter sans chercher trop de risques !
Et bonne découverte le long du parcours !
Bisous à vous deux
A fond d accord sur les antilles !!
C est peut etre plus cliche mais c est quand meme vachement bien. Le SGV c est pas la peine et ca gache tout, surtout dans des endroits ou les conditions sont pas toujours faciles ( PAS les antilles), se forcer a prendre la mer pour avancer et tenir un planning c est le meilleur moyen de pourrir son voyage.
Continuez par Panama, et surtout arretez vous en Dominique, petit paradis perdu plein de verdure et de pamplemousses et de locaux adorables !
la bise
Simon/Sergent
Salut les amoureux,
Je suis complétement à la bourre, mais je rattrape mon retard en me faisant une nuit
de lecture ! Et je suis bien obligé de réagir sur cet article moi aussi. Je salue donc votre décision. Soyez heureux et bon vent !